#Throwback
Si vous êtes sur les réseaux sociaux, vous avez certainement déjà vu une des oeuvres signées Khalilus Photography, et vous rêvez peut-être même de faire un shooting avec lui. Ibrahima Kébé Diallo, l’homme derrière cette marque, a un parcours assez atypique; photographe autodidacte, il a décidé il y’a 6 ans de ranger son Bac+5 et sa carrière toute tracée dans le monde de l’hôtellerie pour faire de sa passion un métier. Dans cet entretien, Kébé Diallo nous raconte comment il est devenu un photographe à succès et vous inspirera peut-être aussi à ne plus écouter vos peurs.
Une interview toujours aussi inspirante.
- Bonjour Khalilus, est-ce que tu peux te présenter ?
Bonjour Fatou, je me nomme Ibrahima Kébé Diallo. Je suis photographe professionnel spécialisé dans l’évènementiel et le corporate (photographie d’entreprise). Né et grandi à Dakar, j’ai découvert ma passion pour la photographie en 2012 et j’ai commencé à travailler professionnellement en fin 2015.
Quand je ne prends pas de photos, vous me verrez faire du bénévolat dans l'action humanitaire comme le don de sang ou dans les activités sociales, explorer des nouvelles localités du pays ou passer du temps avec la famille.
-Tu t’es fait un nom dans le milieu de la photographie ces dernières années, mais tu étais destiné à une autre carrière, n’est-ce pas?
Oui, après l’obtention du bac en 2007, j’ai été orienté à l’Université de Thiès pour faire une Licence en Management du Tourisme et de l’Hôtellerie. J'ai aussitôt décroché un job dans le secteur hôtelier. J’ai travaillé 6 années dans l’hébergement en y alliant les études. J’ai eu un Master Commerce Marketing des Affaires internationales. Je voulais travailler dans le secteur touristique et je me voyais être un expert consultant dans ce domaine. Mais au bout d’un certain temps ma passion pour la photo a pris le dessus.
-Tu mentionnes parfois sur tes pages sur les réseaux sociaux le fait que tu es un autodidacte car tu n’as jamais pris un seul cours de photographie. Comment ton chemin a-t-il donc croisé celui de la photographie?
J'ai commencé à aimer la photographie en 2012 lorsque j'ai eu mon 1er smartphone. Je prenais en photo tout ce que je voyais, aussi banal que cela soit. J’essayais de rendre extraordinaire les belles choses que nous voyons de manière ordinaire. J’allais à la plage et faisais le tour de Dakar à pied pour prendre des photos de la rue et du paysage. C’est comme ça que je me suis formé.
Pour moi, la photographie est une véritable passion. J’admire le fait de prendre une photo d'un moment, ajouter ma touche artistique, et simplement apporter d'innombrables sourires sur les visages de ceux qui regardent. La photographie est une manière d'être une bénédiction pour autrui. Le cadeau créatif qui m’a été donné devait être partagé avec les autres.
- A quel moment as-tu décidé de faire carrière dans la photographie ? Comment passe-t-on le cap d’abandonner un emploi avec la certitude d’avoir un salaire qui tombe à chaque fin de mois, à l’aventure entrepreneuriale ?
Un bon ami m’a offert mon premier appareil en 2015 et c’est de là que les choses sont véritablement parties. Je publiais sur les réseaux sociaux les photos que je prenais. Un jour, en février 2016, une personne qui avait vu mes publications m’a proposé de faire une prestation photo pour un mariage.
D’autres propositions s’en sont ensuivies. Je me suis dit que j’allais allier mon travail dans l’hôtellerie et mes prestations, dans la mesure du possible. Il m arrivait de changer mon jour de repos ou de permuter avec un collègue pour pouvoir prendre des prestations photos.
J'avais de bons cachets. Il m’arrivait d’avoir la somme de mon salaire mensuel en une journée.
Ma passion pour la photographie grandissait et les propositions affluaient. Mais, mes horaires à l’hôtel ne me permettaient pas d’honorer certains engagements. J’ai dû faire un choix entre quelque chose que j’aimais et un emploi où rien ne me retenait, au fond. En effet, pendant 6 ans le salaire n’avait pas évolué, il n’y avait ni avantages, ni perspectives d’évolution claire.
En 2017, à mon retour de congés, j'ai démissionné et me suis mis à mon propre compte. Je peux dire que je ne regrette pas ma décision et que j’aurai dû partir plus tôt. J’ai créé mon entreprise, le bon Dieu fait bien les choses et son timing est parfait.
-Comment est-ce que ton entourage a accueilli cette décision de te lancer dans l’aventure entrepreneuriale ?
Au début, ce n’était pas facile, les parents n’étaient pas trop d’accord mais j'ai réussi a les convaincre et ils ont accepté ma décision. Je n’ai pas baissé les bras et maintenant toute la famille est là présente, à me soutenir. Tout se passe bien.
-Raconte-nous tes débuts, les difficultés auxquelles tu as eu à faire face et celles que tu rencontres peut-être encore aujourd’hui ?
La photographie comme tous les autres métiers n’est pas facile. Le souci majeur a été l’acquisition de matériel, ce dernier coûte cher et les moyens faisaient défaut. Je peux dire que c'est la passion qui m’a guidé. A part ça, j'ai une fois fait face à un vol de matériel, ce qui est vraiment décourageant, n’empêche je n'ai pas baissé les bras et j'ai continué à bien bosser.
-Parle-nous de ton travail en tant que photographe ? Que fais-tu et quelles sont tes plus grandes réalisations depuis que tu t’es lancé ?
J’ai créé mon entreprise en fin d’année 2016. Je fais dans la photographie professionnelle, artistique, dans la communication, la publicité, le reportage, etc. Je fais un peu de tout dans ce domaine. Le métier est passionnant. Ce qui me plait le plus c’est le contact humain, car à tout moment je suis en contact avec les gens et il y’a toujours une bonne ambiance lors des travaux. J’aime aussi constater la satisfaction de mes clients.
J’ai eu à travailler avec de grandes entreprises et organisations et à vrai dire chacune de ces expériences reste incomparable et cela me permet d’élargir ma logistique en plus de l’expérience gagnée.
-Est-ce qu’on peut bien vivre au Sénégal du métier de photographe ?
Oui, même s’il s’agit d’un métier très prisé dernièrement. C'est ce qui fait d’ailleurs sa beauté car, si on s’en donne les moyens, le métier pourra nourrir son homme. Il faudra cependant travailler dur pour se démarquer du lot.
-Quels conseils donnerais-tu aux amateurs qui aimeraient se lancer dans ce domaine ?
Le travail n’étant pas facile, j’invite les entrepreneurs à se donner à fond, à être créatifs, passionnés et surtout perfectionnistes. Il faut également beaucoup de pratique et un apprentissage continu. Je suis prêt à aider, à booster, à encourager. Croyez en vous, soyez authentiques, et partagez votre expérience, c’est important.
Vous pouvez me retrouver sur :
Interview menée en Février 2020